Note politique n°3 - Reconfiguration de la politique de l’eau en Asie centrale : une réflexion sur la réalisation de la GIRE en Ouzbékistan et au Kazakhstan
Juillet 2015 - Zinzani A., chargé de recherche (FMSH, Fernand Braudel) CNRS UMR 7528, Mondes Iranien et Indien.
Introduction: Réflexion sur l’eau et ses politiques
Jusqu’aux années 70, la gestion de l’eau était considérée comme un problème technique contrôlé essentiellement par des bureaucraties étatiques avec leurs hydro-techniciens et ingénieurs, mais depuis la fin des années 80, d’importants changements se sont produits. Si l’on tient compte de problèmes allant du changement climatique à la croissance de la population, de la dégradation des terres à l’accès inégal à l’eau il est apparu que la gestion des ressources en eau n’est pas seulement un problème technique mais un processus socio-politique, économique et environnemental qui concerne un large spectre d’acteurs de la société. Depuis les années 2000, divers universitaires - des géographes, des spécialistes d’écologie politique, des sociologues et des politologues ont commencé à argumenter sur l’aspect politique de la gestion de l’eau ; Allan (2003), Mollinga (2007), Molle (2008) et d’autres affirment clairement que la plupart des questions de sécurité hydrique et d’inégalité dans l’accès à l’eau est de nature essentiellement politique. Dans le contexte actuel de mondialisation et de reconfigurations socio-politiques et économiques apparentées, depuis le milieu des années 90, plusieurs agences internationales ont commencé à encourager, en particulier dans les pays en voie de développement, des initiatives et des programmes pour améliorer la gestion de l’eau selon un programme environnemental et social durable. Cependant, cette approche et les logiques qui s’y rapportent ont eu tendance à dépolitiser divers processus sociaux et environnementaux ayant trait à la gestion de l’eau.
En tenant compte de ces processus et des défis qu’ils entrainent, cette contribution vise à analyser et comprendre les logiques de mise en œuvre de politiques de l’eau, plus particulièrement le cadre de la Gestion intégrée de la ressource en eau GIRE en Asie centrale – région hétérogène aride et semi-aride située dans le bassin de la Mer d’Aral. Ces processus sont analysés en Ouzbékistan et au Kazakhstan et axés sur le niveau local/bassins selon une approche comparative ; il en découle la question suivante : quelles sont les logiques qui ont affecté la mise en œuvre de la GIRE ? Les systèmes socio-politiques nationaux ont-ils pu façonner ce processus selon leurs stratégies et objectifs ? Comment les politiques nationales ou certains processus qui ont gêné sa mise en œuvre sont-ils apparu ? Dans le cadre de la Politique géographique cette recherche est essentielle pour comprendre les logiques et principes de base de la mise en œuvre de réformes institutionnelles en matière d’eau, et les reconfigurations socio-politiques qui s’y rapportent, dans une région où les ressources en eau jouent un rôle important dans le développement des sphères politiques et économiques des deux états.
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